Jacques. DS et RS au CSE d’une filiale de Veolia Assainissement

Jacques. DS et RS au CSE d’une filiale de Veolia Assainissement

Jacques est DS et RS au CSE d’une filiale de Veolia Assainissement. Opérateur, il travaille sur le terrain.

Bien que l’assainissement soit considéré comme une activité essentielle, donc autorisée à poursuivre son activité, le confinement a dans un premier temps provoqué un arrêt presque complet de l’activité. Celle-ci reprend progressivement au rythme des besoins des clients. Les collectivités locales, les hôpitaux ne peuvent renoncer aux opérations d’assainissement, alors que les entreprises à l’arrêt et les particuliers ont retardé les interventions. À fin avril, l’activité avait repris à environ 50%. Le 11 mai ne va pas marquer de rupture. L’activité continuera de remonter progressivement et ne pourra revenir à 100% que quand les entreprises du tourisme (en particulier les restaurants, les aéroports) auront repris.

Activité partielle : l’activité partielle a rapidement été mise en place pour l’ensemble des services. Veolia a garanti le maintien à 100% du salaire de base pour l’ensemble du groupe. Mais les salariés perdent primes et heures supplémentaires qui peuvent représenter jusqu’à 30% de la rémunération. La baisse de revenu est donc très significative. Aujourd’hui beaucoup d’opérateurs ont repris, au moins partiellement l’activité, mais ils ont très peu de visibilité. Il n’y a pas eu de communication globale et les gens ont simplement été prévenus 3 jours avant leur date de reprise.

Télétravail : toutes les tâches administratives ont été basculées en télétravail, ce qui est une révolution dans une entreprise qui refusait tout télétravail. Ça ne s’est pas fait sans peine car les salariés n’avaient pas les équipements nécessaires à domicile et il a fallu beaucoup bricoler. Mais au final cela a fonctionné et les salariés n’accepteront sans doute pas de revenir en arrière, au 100% au bureau.

Consultation du CSE : le dialogue social est assez pauvre dans cette entreprise. Le CSE s’en tient à ses obligations formelles, les débats y sont souvent limités. Le CSE a été consulté avant la mise en place de l’activité partielle, mais sans réel apport des élus. Il en va de même pour le déconfinement : le CSE est informé, mais il n’y a pas de co-construction d’un plan de reprise d’activité. Les réunions se sont tenues en audio conférence, le matériel à la disposition des élus ne permettant pas d’envisager une visio. Malgré tout, les réunions se sont tenues dans des conditions plutôt correctes, chacun faisant preuve de discipline.

L’information et le contact avec les salariés : Depuis le confinement, Jacques a passé l’essentiel de son temps à informer ses collègues. La communication de la direction est basée sur la parole des chefs d’équipe et l’affichage dans les locaux. Autant dire qu’elle a été inefficace pendant cette période. Les opérateurs n’étant pas équipés d’outils de communication, n’avaient pas d’adresse mail professionnelle ; le lien s’est fait par les élus qui, souvent connaissent les adresses mail personnelles. De plus, la communication d’entreprise est de bas en haut et presque rien n’est fait pour faire remonter les questions des salariés. Pour Jacques, la direction devra impérativement changer ses pratiques avec le déconfinement. La communication devra être à la fois plus fluide, utiliser les moyens électroniques et surtout être aussi montante et pas seulement descendante. En effet, les salariés ont fait remonter de nombreuses inquiétudes, tant en ce qui concerne la sécurité que les questions concernant le calcul des salaires, la durée de l’activité partielle etc.   

La sécurité : cette question est essentielle dans le domaine de l’assainissement. Dès avant la crise, Jacques considérait que les normes étaient insuffisantes. La fédération patronale considère qu’il n’y a pas de risque spécifique de contamination. Or, en particulier l’assainissement des hôpitaux met en contact avec des eaux usées très polluées. À Paris, des traces de COVID19 ont été détectées dans le réseau d’eau non potables et la Mairie a immédiatement suspendu l’utilisation de cette eau qui sert en particulier à nettoyer les rues. Or, les salariés des sociétés d’assainissement côtoient quotidiennement des fluides potentiellement bien plus dangereux que l’eau non potable des rues de Paris. La crise sanitaire n’a rien changé à ce que Jacques interprète comme un déni des risques. Par contre l’entreprise a pris au sérieux le risque de transmission entre salariés : port du masque, un seul salarié par camion, gel hydroalcoolique à disposition, normes de distanciation. Mais les masques fournis sont de simples masques chirurgicaux alors que les salariés côtoient au quotidien des employés municipaux qui ont bénéficié de masques FFP2. Par contre Veolia met en place un dépistage systématique pour les salariés et leurs familles, ainsi que pour les sous-traitants présents en permanence sur site. Cette démarche est très appréciée. Pour Jacques, la crise a aussi accru la prise de conscience des salariés. Avant cela certains prenaient à la légère les règles d’hygiène imposées par la direction. La crise fait évoluer les mentalités.    

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