Jeremy. DS, Secrétaire adjoint du CSE et membre de la CSSCT d’une ETI de services informatiques.

Jeremy. DS, Secrétaire adjoint du CSE et membre de la CSSCT d’une ETI de services informatiques.

Jeremy est DS, Secrétaire adjoint du CSE et membre de la CSSCT d’une ETI de services informatiques.

Impact sur l’activité : La crise a impacté de façon très diverse les services de cette entreprise. Le help desk travaille surtout pour de grandes enseignes commerciales. Celles liées à l’alimentaire ont continué à fonctionner, les autres non. Donc une partie du personnel s’est retrouvé en activité partielle et un autre en télétravail. Les salariés travaillant en régie chez les clients ont suivi le régime du client. Les uns ont donc continué à travailler, les autres passant en activité partielle. La plateforme logistique s’est retrouvée en grande partie à l’arrêt, la plupart des déploiements de matériel ayant été reportés. Il a fallu improviser le télétravail, cette entreprise fonctionnant jusqu’ici principalement en présentiel en open space. Le télétravail se déroule en mode dégradé, avec de nombreux « plantages » d’ordinateurs et un support technique insuffisant.  Les salariés intervenant chez les clients ont été dotés d’équipements de protection adaptés. Mais il leur était demandé de ne pas intervenir à plus de deux, y compris les autres prestataires, ce qui s’est révélé impossible en pratique. L’entreprise comptant beaucoup de bas salaires, en particulier au help desk, l’application de la CCN Syntec a permis de garantir les salaires de base et l’entreprise a garanti les primes d’assiduité.

Consultation du CSE : le CSE a été consulté en audio. Bien qu’il s’agisse d’un prestataire informatique, l’entreprise n’a pas été en état de mettre en place une visio par manque de bande passante et utilisation d’un logiciel inadapté. Malgré tout, les débats ont pu se dérouler grâce à la discipline des élus. Sur le fond, Jérémy déplore une communication tardive et insuffisante. La BDES n’est pas conforme, les informations sont transmises tardivement et la direction se retranche en permanence derrière l’urgence. Si le CSE a été informé sur l’activité partielle, il n’a pratiquement pas eu d’informations économiques permettant de savoir comment l’entreprise encaisse la crise. Malheureusement la crise n’a pas renforcé la cohésion entre élus, certains d’entre eux se sentant trop peu impliqués.

L’information des salariés : Jérémy a dû faire face à des demandes très variées compte tenu de la diversité des situations. En plus de la disponibilité des élus, le CSE a mis en place une cellule d’écoute tous les matins de 10h à midi. Les questions les plus fréquentes ont concerné les congés. En effet, aucun report de congés n’a été autorisé, ce qui se comprend compte tenu des règles de l’activité partielle. Mais les salariés n’ont aucune garantie de pouvoir prendre leurs congés en été. En effet, l’activité du help desk risque d’être très intense lors de la reprise d’activité des clients de la branche tourisme en juillet et les interventions sur site seront probablement nombreuses. Il y a donc une crainte importante sur les congés d’été et donc sur un report de congés à l’hiver prochain. De plus l’entreprise a une gestion par la contrainte. Quand un salarié est en congés, la charge est reportée sur les autres. Il y a donc une grande inquiétude sur les conditions de travail à partir de l’été. De son côté l’entreprise a peu communiqué vers les salariés. Elle a annoncé au CSE qu’elle va communiquer sur les conditions du déconfinement et va sonder les salariés sur la qualité de vie en télétravail.

Les conditions de la reprise : pour Jérémy, l’entreprise n’a pas de visibilité fine sur le rythme de reprise des clients. Comme souvent dans ce secteur, le donneur d’ordres n’est guère respectueux des contraintes des prestataires. En ce début mai, les clients semblent en mode reprise. L’entreprise a longtemps « bricolé », par exemple en faisant appel au volontariat pour reprendre le travail sur site. Elle semble maintenant prendre les choses plus au sérieux. Des EPI ont été commandés et vont être livrés aux salariés Mais il va falloir complètement réaménager les open spaces ainsi que les salles de pause qui sont petites et ne permettent pas d’accueillir plus d’une personne. Pour Jérémy, cette crise doit être l’occasion de repenser toute l’organisation du help desk. Les conditions de travail étaient mauvaises, de nombreuses chaises étaient cassées, l’espace peu accueillant, le télétravail accordé « à la tête du client », si bien que l’absentéisme était élevé. L’absentéisme a baissé avec le télétravail et la demande est forte, surtout pour les collègues qui habitent loin. L’entreprise est donc en train de construire un plan de charge afin de pouvoir faire revenir sur site les salariés qui le souhaitent ou ne peuvent pas télétravailler. Ainsi, les open spaces ne pourront pas être occupés à beaucoup plus de 30% pour respecter les règles de distanciation. Il faudra donc à la fois résoudre les questions de conditions de travail sur site et celle en télétravail (espace dédié, sécurité, support technique). Les managers devront pouvoir assurer la cohésion de leurs équipes dans cet environnement entièrement nouveau.

Conclusion : pour Jérémy cette crise accentue les problèmes préexistants, en particulier mauvaises conditions de travail, mauvais dialogue social. Il ne sait pas dans quelle situation financière l’entreprise va sortir de cette crise et quelle organisation du travail sera mise en place. Il serait donc urgent de mettre en place un dialogue social de qualité, mas les patrons fondateurs ne l’entendent toujours pas de cette oreille, habitués à décider seuls depuis l’origine.  

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