Fabien. Cadre bancaire. Secrétaire du CSE et de la CSSCT

Fabien. Cadre bancaire. Secrétaire du CSE et de la CSSCT

30 mai 2020

Accompagner, rassurer et soutenir les salariés

 

Quelle est ta situation personnelle de travail en cette période de Covid 19 ?

J’ai été en télétravail depuis le début du confinement comme l’essentiel du personnel du siège.  Par contre je suis allé travailler sur site en moyenne un jour sur deux du fait de notre intense activité de dialogue social.

Donc tu travailles à temps plein, même en confinement ?

A temps plein voire plus. Ça se calme un peu maintenant mais ça a été très intense au départ : beaucoup de réunions CSSCT et d’appels de collègues inquiets de la situation. Quand les gens en ont besoin, ils savent appeler. Et là j’ai passé une grande partie de mon temps au téléphone avec des collègues qui avaient besoin d’être rassurés ou de comprendre. Certains appelaient aussi pour que leur voix soit remontée au niveau de la direction. Ils veulent influer sur les décisions.

Justement, quelles étaient les inquiétudes de vos collègues ?

Ça portait surtout sur des questions sanitaires dans les agences. Il faut d’abord préciser que la priorité affichée de notre Direction Générale était de protéger la santé des salariés. Donc beaucoup de choses ont été faites rapidement. Au siège, le télétravail a été mis en place très vite. La problématique touchait donc principalement les agences qui ont commencé à travailler « rideaux fermés ».  Il y avait donc beaucoup de questions sur les clients voulant entrer sans rendez-vous ou sans masque.

La banque est encore en télétravail complet aujourd’hui ?

Non, beaucoup moins. Le retour a été progressif depuis le 11 mai, d’abord deux jours par semaine puis trois jours. Nous avons un accord de télétravail mais qui ne prévoit qu’un jour par semaine. Nous sommes donc allés nettement plus loin. Il faudra le revoir à la rentrée et tenir compte de l’expérience du Covid 19.

Télétravail et météo, quand il fait beau le confinement et le télétravail sont attrayants. En novembre ce serait certainement moins agréable !

Et comment le télétravail est-il perçu par vos collègues ?

Il y a deux cas de figure opposés. La plupart des salariés de la banque s’adaptent très bien au télétravail. Ils ont la capacité de travailler chez eux dans de bonnes conditions et le télétravail correspond bien à leur besoin d’autonomie. C’est la majorité des collègues. Une minorité est par contre très réfractaire. Ça peut être pour des raisons personnelles : solitude ou garde d’enfants. D’autres ont des problèmes d’utilisation des outils. Les derniers enfin, mais très minoritaires, veulent rester en télétravail à 100 %. Il faudra cependant faire attention car le télétravail peut aussi être très piégeux.  

Les agences bancaires sont totalement réouvertes depuis la mi-mai ?

Les agences sont ouvertes, rideau levé, sur la base des horaires habituels. Les équipes en agence ne fonctionnent plus en rotation, ils travaillent normalement maintenant. Il va par contre falloir être vigilants sur le réseau des agences. Les clients ont pris l’habitude de fonctionner à distance. Seuls les clients fragiles ou plus anciens reviennent actuellement en agence. Les autres risquent de ne pas revenir tout de suite.

Pour revenir au dialogue social, ça s’est passé comment pendant le confinement ?

C’est la CSSCT qui a concentré l’essentiel du travail. Nous avons tenu au début deux réunions par semaine. A partir d’Avril, le rythme a été encore intense avec au moins une réunion par semaine.

Et vous avez réussi à être intégrés aux travaux de la direction  sur le Covid 19 ?

Non, malheureusement. Nous avons demandé à ce qu’un membre du CSE participe à la cellule de crise. Ça a été malheureusement refusé, malgré notre insistance.

Pourquoi ce refus d’intégrer un représentant du personnel alors que le dialogue social semble bien se dérouler chez vous ?

L’argument était de dire qu’il existe deux types de cellule de crise. L’une opérationnelle où l’on aurait notre rôle à jouer, l’autre plus stratégique et décisionnelle réservée aux membres du Codir. C’est une vision très ancien monde malheureusement… Nous avons aussi proposé de participer à un groupe de travail sur le déconfinement, même refus de la part de la Direction de la banque.

Au final, tu as l’impression que le dialogue social a pu jouer un rôle positif dans la période de crise du covid 19 ?

Oui grâce à l’activité intense de la CSSCT. Nous n’avons pas pu participer à la cellule de crise Covid 19 mais la communication a été régulière et transparente. Nous avons été informés en temps réel. Heureusement il n’y avait pas de divergences dans l’objectif de protection de la santé des salariés. Nous avons beaucoup communiqué auprès des salariés pour expliquer les décisions sur lesquelles les syndicats étaient OK.

Ce dialogue social positif s’est poursuivi au moment du déconfinement ?

Le déconfinement a donné lieu à un peu plus de débat que le confinement. Les agences travaillent « rideau ouvert » et la règle, pour les salariés et les clients, est de porter un masque. C’est compliqué de travailler et de devoir en même temps gérer les flux d’entrée. On a eu quelques incivilités déclarées : 4 déclarations autour du port du masque. La semaine du 12 mai a été la plus compliquée, ça semble aller mieux aujourd’hui. Nous avons connu plus de désaccords à ce moment-là avec la Direction.

Le CSE ne semble pas avoir été en première ligne dans cette période

Non nous avons choisi de mettre en avant la CSSCT. Elle est beaucoup plus adaptée à la problématique que nous avons rencontré. Le CSE est une instance plus lourde et moins réactive. Le CSE a suivi les débats mais n’a pas été le moteur. On pourrait donc doter la CSSCT de plus de moyens à l’avenir.

Comment vois-tu l’avenir du dialogue social post covid 19 ?

Je pense que cette période va laisser des traces positives au niveau du dialogue social. Nous avons su réagir dans l’urgence, travailler ensemble et trouver des solutions constructives, c’est à retenir. Avant, le dialogue social était surtout basé sur le discours. Là nous avons eu nettement plus de qualité au niveau du dialogue social.

Et qu’as-tu retenu à titre personnel de cette expérience de crise ?

Ça a été une activité très intense, une expérience vraiment enrichissante.

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