Stéphanie. Secrétaire du CSE. Chargée de marketing dans l’industrie pharmaceutique

Stéphanie. Secrétaire du CSE. Chargée de marketing dans l’industrie pharmaceutique

Pas assez de temps pour tout faire

Quelle est ta situation actuelle ?

Je suis en télétravail depuis le début du confinement, comme tous les collègues du siège. En fabrication l’activité a continué normalement jusqu’à la mi-avril. Il commence maintenant, en début mai, à y avoir du chômage partiel mais je ne suis pas encore concernée. Paradoxalement, nos ventes se sont bien maintenues en mars mais chutent depuis la mi-avril.

Comment ça se passe pour toi au niveau temps de travail ?

C’est compliqué ! Le télétravail chez nous a provoqué une augmentation des temps de réunion. Chaque responsable d’équipe ou de service crée des temps d’échanges, des réunions projet, des reportings. De ce fait là, on passe son temps à jongler d’une réunion à l’autre sans vraiment avoir le temps de se poser. J’ai l’impression d’une effervescence permanente depuis le début du confinement. On travaille plus mais je ne suis pas sûre que ce soit plus efficace.

L’activité des CSE et CSSCT a-t-elle continué depuis le début de la crise ?

Oui nous avons continué mais à distance bien sûr. Les réunions mensuelles se sont tenues normalement sauf que nous étions 25 devant notre écran. Ce n’est pas très pratique pour intervenir dans les débats. Beaucoup de mes collègues sont frustrés de ce mode de fonctionnement mais on ne peut pas faire autrement. Les échanges sont moins riches et on se contente d’énumérer les sujets et les décisions.

« Le télétravail et les visio-conférences ont leurs limites »

Pas de changement dans le dialogue social alors ?

Si quand même ! Nous avons choisi de donner plus de temps, de pouvoir et de liberté à la CSSCT. Ils sont donc plus sur le terrain au niveau de la fabrication. Pour les salariés du siège, la CSSCT organise des permanences téléphoniques. C’est donc la CSSCT qui travaille le plus même si ses membres manquent de formation. Ils devaient se former en avril…

Tu arrives à rester en contact avec les salariés ?

Oui, pas de problème ! ça n’arrête pas de sonner, téléphone ou alertes mails ! Même si la CSSCT travaille bien, les salariés continuent à nous solliciter par les canaux habituels : connaissance personnelle ou lien syndical. La direction nous refuse les mails directs aux salariés. Le site du CSE est aussi compliqué à gérer, il n’est pas fait pour être un site d’informations quotidiennes. Il sert davantage aux activités sociales. Il faudrait que le CSE soit autonome pour sa communication digitale mais c’est compliqué. Ce n’est pas notre compétence principale et nous n’avons pas le temps.

Quelles sont les attentes des salariés ?

Elles sont multiples ! La direction a l’impression de bien communiquer. Mais ils donnent surtout des nouvelles administratives et pratiquent la langue de bois. Moi je me retrouve à gérer des problèmes très concrets. J’ai une collègue qui est en télétravail et gère en même temps un enfant de deux ans. De ce fait là, elle travaille tous les jours entre 21h et minuit ! Là elle commence à craquer. Elle ne veut pas se mettre en arrêt pour garde d’enfant car c’est mal vu dans son service. Bref je m retrouve avec un tas de problèmes concrets à gérer à côté de mon travail normal

Vous faites donc le travail du service RH ?

Oui mais ce n’est pas nouveau. Nous avons toujours fonctionné comme ça ! Les RH sont peu nombreux et n’ont pas le contact avec le terrain. C’est nous qui passons les informations et aidons à gérer les dossiers individuels. Notre employeur est loin de tout ça, il pense que nous ne travaillons que pendant les réunions de CSE, il nous voit comme des casse pieds de réunions ! Les RH sont efficaces pour les problèmes administratifs et la paye, pour le reste on ne les voit jamais.

Comment voyez-vous le futur du dialogue social dans votre entreprise

C’est une montagne de dossiers à gérer ! La direction ne contrôle pas vraiment notre temps de délégation. Par contre, nous faisons tous notre travail « normal », l’activité d’IRP vient en plus. Là on a plein de dossiers qui se télescopent : plan de reprise, avenir économique de l’entreprise et j’en passe. Là je viens d’apprendre que le chômage partiel allait diminuer notre budget de CSE. Sachant que nous avons déjà perdu de l’argent sur des prestations de voyage achetées mais pas réalisées. Bref on reçoit chaque jour de nouveaux problèmes ! Heureusement nous fonctionnons bien entre syndicats et on peut donc se partager un peu les dossiers. Ceci dit à la fin, c’est toujours sur les mêmes que ça retombe quand il faut travailler.

Quelles sont les compétences que vous développez pour faire votre métier d’IRP ?

J’ai surtout l’impression de bricoler et de faire les choses à l’aveugle. Je tâtonne toujours ! Quelles compétences, je n’en sais rien ! J’ai l’impression de très bien connaître l’entreprise, mieux que mon nouveau Directeur Général. Mais ça n’est pas reconnu.

Venez sur le site de l’Orseu 

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