« Le dialogue social en mode dégradé »
Quelle est ta situation actuelle ?
Je suis en télétravail pur. Je ne vais pas dans nos locaux par contre je fais régulièrement des visites de terrain pour voir mes collègues et comprendre comment ça se passe.
L’activité des CSE et CSSCT a-t-elle changé depuis le début de la crise ?
Au début nous n’avions pas de réunions à distance par manque d’outils. Nous avons reçu du matériel permettant la visio au bout d’un mois. Il s’agit surtout de tablettes 4G. Avant la question de la reprise d’activité, il y a donc eu une seule réunion de CSE. Nous étions 34 sur Teams ce qui n’est pas vraiment très pratique. C’est difficile de se concentrer, de suivre et intervenir dans le débat. Certains collègues n’ont même pas réussi à se connecter.
Comment qualifies-tu le dialogue social pendant cette période ?
Il n’y a pas vraiment eu de dialogue social car nous étions pris de cours, surtout au début. Les cadres n’ont pas fait beaucoup de présentiel et le dialogue social s’est surtout passé au niveau central : CSE central et CSSCT centrale. Les informations et le dialogue ont eu beaucoup de mal à redescendre, ça venait au fil de l’eau.
Et comment as-tu réagi dans cette situation
Nous avons essayé de faire bouger les choses, écrit à la direction pour la mise à jour du DUER, pour le plan de prévention. En général sans réponse. Nous avons utilisé les DGI (dangers grave et imminent) pour faire remonter les difficultés des collègues sur le terrain. Ça a été compliqué car l’employeur n’a pas reconnu les droits de retrait. Même en activité restreinte, nous avons continué à transporter des usagers avec de multiples difficultés.
Justement, quel est l’état d’esprit de tes collègues ?
C’est très difficile ! Déjà nous avons beaucoup de salariés en arrêt, du fait de pathologies non compatibles avec le Covid 19. Beaucoup d’autres étaient aussi pris par la garde d’enfant. Le nombre de salariés vraiment disponible a donc été très réduit. Beaucoup habitent dans de petits appartements et ont donc connu une période de confinement très contraignante. Pour les autres, ceux qui travaillaient, il y a eu beaucoup d’angoisses et le sentiment d’être de la chair à canon. Les mesures d’adaptation sont venues très lentement. La montée par la porte arrière et l’arrêt de la vente de tickets n’ont pas été mis en place tout de suite, loin de là ! le manque de consultation des représentants du personnel s’est aussi retrouvé sur le terrain dans le dialogue entre les cadres et les agents.
Ça doit être difficile de trouver sa place de représentant du personnel dans ces conditions ?
Oui car tout est centralisé. La CSSCT centrale a mis en place deux réunions par semaine pendant que nous en CSSCT d’établissement on faisait des DGI pour montrer les insuffisances de la prévention. A notre niveau, nous ne sommes pas vus comme des partenaires mais comme des fauteurs de trouble. Fin mars nous avions fait un DGI sur la désinfection des bus. C’était fait sans méthode avec des sous-traitants très mal protégés. Ça n’est pas vu en haut mais nous on ne pas peut laisser ce genre de situations sans rien faire.
Comme tout est centralisé, décidé en haut, il n’y a pas de latitude pour agir au niveau du terrain ou dans nos CSE d’établissement.
Quelles sont les compétences que tu dois développer pour faire tout ça ?
Il faut être autonome, savoir utiliser les outils de visio, lire des documents. Mais le plus important c’est de ne pas couper le lien avec le terrain. C’est pour ça que nous sommes chaque semaine (et plusieurs fois par semaine) en visite sur le terrain aux moments qui posent des difficultés à nos collègues.
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