Yves. Délégué syndical Central. Mécanicien aéronautique

Yves. Délégué syndical Central. Mécanicien aéronautique

Quelle est ta situation actuelle ?

Je suis partiellement en chômage partiel, comme une grande partie de l’entreprise. J’ai actuellement 40 % de chômage partiel, comme pour les autres salariés de ma catégorie professionnelle. Les représentants du personnel se voient attribuer le même taux de chômage partiel que leur catégorie professionnelle.

Comment ça se passe pour toi au niveau temps de travail et rémunération

Je travaille autant, voire plus qu’avant. Le téléphone n’arrête pas de sonner et ça empiète vraiment sur la vie privée. Nous avons eu un débat sur le paiement des heures de délégation ou la possibilité de ne pas passer au chômage partiel en tant que représentant du personnel. Notre position syndicale a été de connaître le même sort que les autres. C’est une question de solidarité avec nos collègues salariés.

L’activité des CSE et CSSCT a-t-elle changé depuis le début de la crise ?

Sur le fonds nous avons un peu plus de réunions : 1 CSE classique par mois et 2 CSE Centraux exceptionnels. Les CSE ont beaucoup tourné sur la question du chômage partiel. Les CSSCT ont été centrées sur les plans de reprise ou de continuité. Il y a aussi eu la création d’une cellule Covid 19 paritaire avec des membres volontaires des CSSCT.

Mais ce qui change beaucoup c’est la forme. Nous sommes maintenant sur des formats complètement visio-conférence. L’outil fonctionne bien mais les réunions sont très longues et pas très pratiques. Il y a trop de participants pour avoir de bons résultats sur ces types de réunion.

Quelle est la teneur du dialogue avec la Direction ?

Nous sommes dans le secteur aéronautique et la question de la survie est vraiment posée. En tant que délégué syndical central, j’ai beaucoup d’échanges avec la direction et on réfléchit aux évolutions possibles. L’avenir est très sombre. Ces échanges se font en bilatéral et sont bien sûr confidentiels. C’est en dehors des mécanismes classiques d’information / consultation. C’est d’ailleurs le point le plus compliqué aujourd’hui pour moi. Je dois faire redescendre l’information au sein de mes équipes d’élus CSE tout en gardant un niveau de confidentialité. Hier soir j’ai dû raccrocher le téléphone vers 22h30, c’est long…

Et que donnent vos contacts avec les salariés, quelles sont leurs attentes ?

Les premières semaines ont été davantage consacrées aux conditions de travail. Mais ce n’était pas vraiment un souci. Dans l’industrie aéronautique, nous avons l’habitude des normes de sécurité élevées et nous avions déjà le matériel nécessaire pour travailler dans de bonnes conditions de sécurité. Nous sommes par contre beaucoup sollicités par les adhérents et les salariés qui cherchent de l’information. Ça peut concerner les différentes ordonnances ou les conditions de paiement en chômage partiel ou arrêt maladie. Les salariés sont aujourd’hui dans une situation de stress économique. Ils ont reçu leur première feuille de paye de chômage partiel et ça a concrétisé leurs craintes. Pour nous la crise économique ne fait que commencer et sera longue.

Et donc ton travail de Délégué Syndical central c’est de coordonner ?

Oui ! et il y a beaucoup de besoins ! Les élus de CSE d’établissement ou même central n’ont pas accès directement à la Direction. Ils ont des informations partielles ou formelles. Je dois donc faire redescendre l’information auprès de chacun d’eux, même si je ne peux pas tout dire. Ça prend beaucoup de temps. Au mois de Mars ça allait encore mais ensuite ça s’est beaucoup accéléré.

Comment vois-tu l’avenir dans ton entreprise ?

Le secteur aéronautique va être l’un des plus touchés par la crise du Covid 19. Nous en avons pour des mois, voire des années. Même avec le chômage partiel, l’entreprise perd de l’argent chaque jour. Nous connaîtrons la même chose que ce qui se passe dans les autres pays européens. Les suppressions d’emploi se multiplient partout et ça va arriver chez nous. Nous nous y préparons, nous réfléchissons. Ce n’est pas forcément joyeux, mais c’est indispensable.

Quelles sont les compétences que tu dois développer pour faire tout ça ?

Je dois d’abord passer beaucoup de temps, plus que pour mon temps de travail normal. Ensuite ça demande de l’écoute, de la recherche d’information et de la synthèse. Il faut parfois faire de la médiation. A d’autres moments il faut décider, rédiger des communications. Ça demande beaucoup, heureusement que c’est intéressant !

Venez sur le site de l’Orseu 

https://www.orseu.com/